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La possibilité d’une huile

Après le printemps vient l’été ! Les publicités alimentaires dégoulinent de bêtise, les lieux communs tiennent la dragée haute. Dès le mois de juin, nous allons subir sur nos écrans le sempiternel champ de Provence au son des cigales. Ce décor en carton-pâte de l’huile d’olive industrielle accompagné d’une voix off à l’accent du midi est tout aussi authentique que la silhouette d’Emmanuel Macron en sous-marinier.

Depuis trente ans les industriels nous prennent pour des gogos et veulent standardiser l’huile d’olive afin de concurrencer les huiles de tournesol et d’arachide. Il s’agit d’imposer un goût uniforme en niant la grande diversité des huiles françaises.

Sur la scène mondiale, la production française est un Petit Poucet. Mais un Petit Poucet en position de force : si quarante pays fabriquent de l’huile d’olive dans le monde, 61 % de la production mondiale vient d’Europe, l’Espagne étant le premier producteur). La part de l’Afrique dans la production est de 21 %, celle de l’Asie de 15 %, celle de l’Amérique de 2 %. Contrairement à de nombreux secteurs économiques, on voit qu’il n’existe ici aucune concurrence asiatique.

L’oléiculture en France représente 0,10 % de la production mondiale et seulement 5 % de la consommation nationale. Le reste est importé des gros pays producteurs comme l’Espagne ou l’Italie. « La France entretient une caractéristique par rapport à l’Espagne, explique Corentin Engel, fondateur de la marque Ouliva. Les producteurs espagnols possèdent de grands vergers et recherchent des économies d’échelle. La France possède une multitude de petits producteurs dont les coûts de production sont élevés. L’huile d’olive française devient nécessairement haut de gamme ».

Au printemps 2020, Corentin Engel lance sa marque Ouliva (la « récolte des olives » en provençal). Son intention est de tisser un lien entre le consommateur et le producteur. « Les industriels, en pratiquant les assemblages d’huile, ont fait disparaître les producteurs. On ne sait plus géographiquement d’où viennent ces assemblages. Leur but est de fournir une huile standardisée dont le goût ne varie jamais quelle que soit la localité ou la saison. Chez Ouliva, nous parlons des mains qui ont produit ces huiles et de la terre qui les a enfantées ». [...]

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Jacques Perrin : brave au cœur puissant

Acteur, réalisateur et producteur, Jacques Perrin avait foi dans le septième art : ? La projection d’une illusion et d’un rêve commun », disait-il. C’est peut-être dans les poèmes murmures par sa mère qu’il puisa la soif d’imaginaire et d’absolu qui le conduira face à la camera puis derrière, faisant de lui un serviteur de cet outil magique capable parfois de révéler l’invisible. Enfant de la balle, d’une mère comédienne et d’un père régisseur à la Comédie française, nourri par la littérature en un temps prémuni de l’omniprésence télévisuelle, le petit Jacques s’abandonne à de longues rêveries d’aventure et d’inconnu. Peut-être s’imagine-t-il déjà en Crabe Tambour, un chat noir sur l’épaule, en Prince fumant la pipe en cachette ou en observateur du peuple migrateur. Si sa longue carrière s’imprimera sur pellicule, c’est néanmoins au théâtre qu’il débute. D’abord avec l’acteur Antoine Balpêtré, parrain de sa sœur Eva, puis au Conservatoire qu’il intègre trois ans plus tard.…

Benjamin Bernheim : mariage réussi
L’opéra français? Une affaire… d’Italiens. Sans remonter jusqu’au Florentin Lulli – Monsieur de Lully, à la cour du Roi Soleil – ce sont les Spontini, Cherubini et autres Donizetti qui font la loi entre la place Boieldieu et le carrefour de l’Opéra tout au long du XIXe siècle. Le nom du boulevard traversant ce quartier n’est pas un hasard, que Benjamin Bernheim a choisi pour titre de son nouveau disque. Sous les conseils d’éminents musicologues, le prince des ténors français compose une anthologie d’airs d’opéras, parfois méconnus (Ali Baba de Cherubini, Amica de Mascagni), que les grands compositeurs lyriques italiens ont créés ou adaptés pour les scènes parisiennes, assimilant la langue et le goût de leurs hôtes. [...]
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Poètes, vos pixels !

À l’acéphalie des programmes conçus pour le tout-venant, au déballage de vulgarités peroxydées et à ces réalités diminuées dans lesquelles évoluent pantins de chair gonflés à l’hélium et hyper-sottes kardashianisées jusqu’à la trogne, on pourra toujours préférer la culture subventionnée, celle qui toque à la porte aux heures tardives, emmenée par des émissions littéraires dont le succès confidentiel fait malgré tout le bonheur de ses producteurs, persuadés qu’ils font preuve de résistance en invitant à 23 heures un grand pope du romanesque avalisé, si possible femelle, de type Cécile Coulon ou Agnès Martin-Lugand. On aurait tort.

L’émission littéraire, voilà bien l’ultime saloperie dont est capable la télévision, qui non contente de traîner la culture dans la boue, lui érige des mausolées en stuc. L’ignoble Bernard Pivot a heureusement disparu du PAF, remplacé par le benêt François Busnel sur France 5. Sans doute moins nocif mais tout aussi redoutable lorsqu’il s’agit de mettre à mort ce qui nous reste de littérature. Jour sombre que ce mercredi 23 mars où le bougre, probablement certain d’œuvrer pour le bien, se met en tête de consacrer une émission entière à la poésie. On en tremble d’avance. Car nous le savons déjà, la poésie, c’est comme la philosophie : elle ne peut pas exister en même temps que la télévision. Cela relève de la physique pure et simple. [...]

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Les critiques musicales d’avril

Les souffrances du jeune Stromae

Multitude, Stromae, Polydor, 15,99€

Cela faisait neuf ans – et pas un de moins – que l’on n’avait pas eu de nouvelles du maestro du plat pays. En effet, après la sortie de Racine carrée en 2013, le chanteur s’était fait très discret, préférant se consacrer à son label Mosaert et à sa ligne de vêtements unisexe. La faute à un burn-out artistique, paraît-il, mais aussi à une santé défaillante. Le voilà enfin de retour avec Multitude, un nouveau disque aussi riche musicalement que trivialement neurasthénique. En effet, si l’album commence sur une note optimiste et combative avec le morceau « Invaincu » inspiré par la victoire du chanteur sur la maladie, on glisse rapidement dans le pathos avec des morceaux larmoyants à souhait. En petit Schopenhauer de la pop belge, le jeune Stromae explore les affres de l’existence humaine en abordant des thèmes aussi contemporains que la dépression (« Mauvaise journée »), les couples mal assortis (« Pas vraiment ») ou la solitude (« La solassitude »). Il est vrai que la musique de Stromae n’a jamais été un hymne à la joie – la faute sans doute à l’histoire personnelle du chanteur – mais on aurait préféré moins de misérabilisme. Au niveau des textes, on frôle parfois le grotesque le plus accompli voire le scatologique franc comme dans le titre «C’est que du bonheur » qui aborde la question de la paternité sous l’angle des couches-culottes maculées. Sans doute l’influence d’Orelsan qui, comme l’a avoué l’intéressé dans une récente interview pour le média Brut, donnerait régulièrement au chanteur un coup de main sur la rédaction de ses textes? Bien sûr, tout n’est pas à jeter dans l’océan de tristesse qu’est Multitude: l’interprète de « Formidable » a toujours le pouvoir de susciter des émotions sincères, qu’il aborde la tragédie du suicide dans « L’enfer » ou qu’il fasse l’éloge des invisibles de la République avec « Santé » ou encore qu’il se mette dans la peau d’un fils de prostituée dans « Fils de joie ». Jamais moralisateur, Stromae évite tout parti-pris politique à l’exception d’une timide dénonciation du machisme sur la chanson « Déclaration ». Musicalement, Stromae a choisi de miser sur l’exotisme de la musique du monde mais l’utilisation d’instruments méconnus comme la vièle chinoise erhu, la flûte persane ou la charango andin dissimule mal l’indigence des rythmiques que l’artiste compose dissimulé derrière l’écran de son ordinateur. Décevant.  Mathieu Bollon

Irrésistible

Hima, David Aubaile & Julien Tekeyan, Profile-on-air, 14,99€

Voici un album qui ne s’entend pas mais qui s’écoute… et plusieurs fois, probablement, avant de rentrer dans « La Décadanse, The Avengers » en référence à «Chapeau Melon et bottes de cuir », « Kobagna », «Caterpillar », autant de titres qui ne livrent pas leur substance si aisément. HiMA, (« maintenant » en arménien) est rythmiquement imparable, et mélodiquement imprévisible. C’est fou, libre, ça se paie des faux-airs de Capharnaüm mais cela retombe toujours sur ses pattes! On comprend pourquoi en faisant un tour dans la biographie du pianiste-flûtiste David Aubaille. Quant à Julien Tekeyan, qui avoue rechercher en permanence profondeur, rondeur et chaleur dans son jeu de batterie et percussions, c’est précisément ce qui fait mouche ici. Curiosité et improvisation en chemins inconnus: voici les fils conducteurs de leurs explorations sonores imposant une vitalité formidable d’une joie contagieuse. Alexandra do Nascimento [...]

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La colline où rugissent les lionnes : pétard mouillé
Trois jeunes filles s’ennuient dans l’été brûlant d’une petite ville du Kosovo nichée entre les collines. La rencontre avec un jeune type magouilleur leur mettra le pied à l’étrier pour se lancer dans une invraisemblable entreprise de braquage, sur un prétexte vaguement « Girl Power ». Problème : on n’y croit pas une seule seconde, leurs méfaits sont filmés comme au sein d’une pub pour parfum et leurs conséquences sont à peine évoquées. [...]
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Qui, mais qui ? Kazuo Umezu
La bande dessinée japonaise est pléthorique et l’horreur y est un genre très représenté depuis les débuts du manga, soit ceux du XXe siècle, un peu comme si, chez nous, la BD franco-belge avait engendré ses Lovecraft et ses Stephen King. Ces auteurs sont même souvent de véritables vedettes dans l’archipel, où la majorité de la population croit toujours dur comme fer aux démons locaux et aux fantômes. On pourrait gloser, d’ailleurs, sur le rapport aux spectres des peuples insulaires, ceux-ci nous donnant l’impression que vivre sur une île entourée par des mers inquiétantes rendrait particulièrement poreux au monde des morts. La plupart des mangas d’horreur jouent en outre sur l’atmosphère liquide des décrépitudes, dans la grande tradition des estampes de l’ukiyo-e. [...]
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Downtown Abbey II : Instagram à l’anglaise

En 2019, lorsque Downtown Abbey débarque sur grand écran quatre ans après la "n de la série au succès international, l’attente et l’appréhension sont de rigueurs. On ne transpose pas aussi facilement un format TV dans une salle obscure. La déception est grande, du moins pour ceux qui espéraient quelque chose. Trois ans plus tard, les créateurs remettent le couvert: non seulement on ne s’y rend pas en traînant les pieds mais on s’émous- tille même aux premières notes de piano du fameux générique. Finalement, on n’abandonne jamais des compagnons d’écran de cinq ans aussi facilement, quand bien même ils seraient anglais.

Pour ceux qui sont passés à côté de l’une des plus belles créations de cette dernière décennie, Downton Abbey suivait les aventures de Lord Robert Crawley, comte de Grantham, de sa famille et de leurs domestiques. Un petit bijou d’écriture créé par Julian Fellowes, scénariste de Gosford Park, qui brossait avec délicatesse un portrait de l’Angleterre de 1912 à 1925, entre tragédie intime et grande Histoire. D’un anti-conformisme revigorant, la série ne cessait de rappeler qu’il n’y a point de civilisation sans convention, que le « l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde », comme l’écrivait Valéry et que le conservatisme est son salut. Cette nouvelle ère, comme l’annonce le titre, s’ouvre sur le mariage de Tom Branson (le gendre veuf de Lord Grantham) et de sa fiancée Lucy. La caméra précède les mariés sortant de l’église, l’occasion de croiser tous ses personnages découverts au fil de six saisons. Tous ont répondu présents pour un nouveau tour de piste. Puis la vedette apparaît enfin, majestueuse, éternelle : le château. [...]

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L’Incorrect numéro 73

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