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Pierre Michon : l’antidote
1. LE GÉNIE CONTRE LES VICTIMES

Alternant des récits autobiographiques hantés par les mythes grecs et une réinvention de certains de ces mythes, Michon se présente régulièrement, et comme il l’a déjà fait, sous les allures du pauvre type alcoolique et mégalomane, qu’il fut longtemps avant de démontrer l’authenticité de son génie. Ainsi, dans la lignée d’un Calaferte, Michon cultive-t-il ce paradoxe de s’amuser avec le lecteur de son propre orgueil et de sa prétention candide, tout en lui démontrant, a posteriori et sur le papier, le bien-fondé de cet orgueil. Face aux cohortes des victimes brandissant leurs procès-verbaux, Michon oppose l’élection du génie qui peut tout transmuer par son usage suprême de la langue, et s’amuser de cette mythologie ne revient pas, pour lui, à la saper, mais à la cultiver avec une souveraine espièglerie. [...]
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Éditorial culture de Romaric Sangars : L’hiver prendra-t-il fin ?

C’était l’hiver, mais l’hiver tiède, pluvieux, de l’agonie prolongée, dépourvue des fastes automnaux comme de la mort éblouissante des févriers alpins, non, l’ennui gris, flou, en boucle : la scène culturelle actuelle. Un ton monocorde et plaintif dominait entièrement l’atmosphère. Des individus interchangeables se branlaient les plaies en public, donnaient des leçons de développement personnel puis ânonnaient des imbécilités bienveillantes chez Augustin Trapenard. C’était morne à crever. Et puis Michon surgit, quasi octogénaire, pour redéployer tous les possibles de l’art, allumant des phrases jusqu’à la fournaise. Le panorama s’était éclairci. Le printemps est un vieillard.

On croit toujours aux Droits de l’homme, mais plus à la civilisation qui les a engendrés

Voilà qui a de quoi nous interroger, tout de même. Une première remarque, Pierre Michon appartient à une génération littéraire spécialement brillante. C’est un héritier total qui ravive la sacralité littéraire dans ses œuvres, comme Richard Millet avec lui, sur un pan plus sombre et peut-être plus symphonique.…

Science de la BD
Une fois n’est pas coutume, un livre théorique – mais passionnant – sur la bande dessinée. La BD est un art qui, partagé entre le récit et le tableau, cumule le continu et le discontinu : l’œil glisse sur la page avant de se fixer sur deux ou trois points remarquables et de commencer, enfin, la lecture en haut à droite sans que jamais la case puisse être visuellement vraiment isolée de ses voisines – en même temps que chaque bulle exige une concentration qui efface cet effet de proximité. [...]
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Opéra : Les Puritains, apothéose romantique
L’intégrale d’opéra en studio serait-elle revenue à la mode ? Un petit lot de nouveautés revitalise le marché du disque (et du streaming). Côté Bellini, après la Norma de référence par Marina Rebeka, voici Les Puritains, dernier chef-d’œuvre du compositeur sicilien. Le triomphe de la création, en janvier 1835, lui vaut l’admiration hystérique du Tout-Paris – et la légion d’honneur. Rapprochant le bel canto romantique du Grand-Opéra français, il ouvre une voie nouvelle qui, sans sa mort prématurée quelques mois plus tard, aurait changé l’histoire de la musique. Peu importe l’intrigue – rupture apparente des fiancés et réconciliation finale, sur fond de guerre civile entre « têtes rondes » (républicains de Cromwell) et « cavaliers » (royalistes fidèles au Stuart), cette partition est une fête vocale et orchestrale, avec des airs plus mémorables les uns que les autres, enchaînés aux confrontations, élégiaques ou dramatiques, de quatre protagonistes à la vocalité époustouflante. [...]
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Les critiques littéraires de février
FABRIQUE D’UN ASSASSIN LA LOI DU MOINS FORT, David Ducreux Sincey, Gallimard, 256 p., 20,50 € Premier roman et coup de maître pour David Ducreux Sincey, qui nous offre, avec La Loi du moins fort, un vrai roman sur un vrai thème, ce qui est devenu assez rare de nos jours, et le fait même, […]
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Heartworms : nouvelle aube du rock crépusculaire
On passe la porte de ce disque pour entrer dans un cabinet de curiosités. En effet, les choses les plus diverses s’y côtoient avec étrangeté : c’est précisément ce qui en fait son intérêt. En neuf titres qui crachent de toxiques étincelles, Jojo Orme, qui se fait un nom sous celui de Heartworms (du nom d’une maladie transmise aux animaux par un ver né de la piqûre d’un moustique) défini en un premier album victorieux de troubles contours fascinants. Née d’un père afghan et d’une mère sino-danoise, Jojo Ormo grandit dans une petite ville du sud-ouest de l’Angleterre, non loin de la frontière galloise. À la voir, on l’imagine mal, jeune fille, participer à ces galas où l’on trouve d’agaçants enfants trop choyés par des parents méphitiques. Pendant ce temps, elle flirtait sans doute avec « la racaille des estaminets et le résidu des brasseries » comme disait Huysmans. Peut-être, aussi, était-elle seule. Nous n’en savons rien. Et de toute façon, peu importe : c’est un peu la même chose. Sa musique elle-même marie d’étonnants contraires : froideur industrielle, élans lyriques, explosions soniques. Par-delà ce curieux mélange baroque, une âme d’esthète crépusculaire clapote à la surface de cette musique pleine d’élégances fardées. Voyons-voir : approchons-nous d’elle. [...]
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César 2025 : Sans surprise

Dans ce monde qui bouge trop vite, la « grande famille » du cinéma français résiste encore et toujours aux heures sombres. Depuis leur pupitre, ses membres ont dénoncé l’extrême droite, le fascisme, la pauvreté et les méchants milliardaires. On peut se moquer. Mais reconnaissons leur courage. Ils ont aussi récompensé un clandestin et un film sur un narcotrafiquant trans, fallait oser. Ce n’est pas facile d’assumer de telles positions anticonformistes dans un milieu aussi hostile.

Mais revenons au déroulé de la soirée. Pour une fois, nos starlettes se sont rappelé que même si c’était une célébration entre soi, il y avait quand même des gens derrière la télé, et que passée une certaine heure les revendications cégétistes en robe à 10 000 balles, ça passait mal. Du moins que « la raison d’ordinaire, n’habite pas longtemps chez les gens séquestrés » comme l’avait dit Lafontaine. Bref : les chouineries étaient limitées.

Lire aussi : Anora : La putain irrespectueuse

Le César de la prise de parole plus gênante qu’un discours de Valérie Pécresse fut gagné haut la main par Jonathan Glazer, récompensé pour son film La Zone d’Intérêt : « Aujourd’hui, la Shoah et la sécurité juive sont utilisées pour justifier les massacres et les nettoyages ethniques à Gaza ».

Anora : La putain irrespectueuse
Dans le lexique de la musique populaire, le « hit crossover » est un tube qui élargit son audience de départ à différents publics. Vieux routier du cinéma indépendant américain, Sean Baker a finalement trouvé son succès « crossover » avec Anora, Palme d’or surprise à Cannes cette année, tant la comédie de mœurs n’est pas le genre adéquat pour […]
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L’Incorrect numéro 85

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