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Ukraine : de la question des réfugiés et des migrants

Prégnante depuis plusieurs décennies, la question migratoire est une pomme de discorde entre les États membres. L’Allemagne a ainsi constitué l’avant-garde d’un front immigrationniste, Angela Merkel ayant déclaré le 31 août 2015 au plus fort de l’afflux de migrants : « Nous allons y arriver ». La décision fut alors saluée par Yves Pascouau, spécialiste des politiques migratoires à l’Institut Jacques Delors, dans les colonnes de La Croix qui pointait du doigt les « mauvais élèves de l’Europe » : « Quand la Pologne dépose son recours devant la Cour de justice de l’UE, elle refuse la remise en cause de l’« homogénéité ethnique » de son territoire. C’est à ce moment-là qu’on a réalisé que les pays d’Europe centrale et orientale ne connaissaient pas le multiculturalisme. Que leur refus de l’immigration avait été d’autant plus important qu’ils sont des pays d’émigration, qui se vident de leur population ».

La Pologne est d’ailleurs depuis lors dans le collimateur des instances européennes, de la même manière que la Hongrie.…

Volodymyr Yermolenko : « Je crois dur comme fer en la pérennité de la nation ukrainienne »

Comment définiriez-vous l’identité ukrainienne ?

Il faut d’abord comprendre que le plus important pour nous est l’identité politique et civile. Nous n’avons pas une conception allemande de la nation, une conception strictement ethnique. Ce qui nous distingue c’est d’abord notre rapport à la vie politique et sociale. Nous appelons cela Hromada, qu’on pourrait grossièrement traduire en français par « communauté » même si ce mot a un sens peut-être plus large. La Hromada existe en Ukraine mais aussi en Biélorussie, il s’agisait à l’origine de groupes de paysans qui se réunissaient pour traiter des affaires locales à l’échelon communal ou dans un regroupement de communes. C’est le premier atome de la nation ukrainienne que cette gouvernance locale qui entraine des droits comme des obligations à ceux qui y participent. L’idée c’est que les membres de la Hromada sont avant tout des individualités et non des pions. Cela ressemble d’ailleurs un peu à ce que vous connaissez en France.…

Sylvain du Peyroux : « Il va y avoir des émeutes de la faim et des vagues d’immigration »

Quelles peuvent-être les conséquences de la guerre russo-ukrainienne sur le marché agroalimentaire ?

Le marché est tout à fait mondialisé, mais la France, en qualité de cinquième productrice de blé au monde, n’a aucun risque de pénurie. Nous exportons entre 15 et 18 millions de tonnes par an. Le plus grand problème se situe au niveau des pays africains et moyen-orientaux. Depuis quelques années, ils se sont de plus en plus tournés vers les productions ukrainienne et russe. La production de blé russe a d’ailleurs doublé depuis quinze ans parce que Poutine a bien compris l’importance de cette arme. Les Russes ont donc pris beaucoup de parts de marché à l’export.

Les pays africains ont par ailleurs acheté beaucoup de bateaux de blé qu’ils n’ont pas encore reçus. D’ici un mois et demi, il n’y aura plus de blé en Afrique ! Évidemment, tout cela est sous réserve d’une stagnation de la situation actuelle. Mais même si la situation évolue, il faut que Poutine accepte de reprendre la circulation, et que les infrastructures des ports de Marioupol et d’Odessa soient toujours en bon état. Si les Africains ne peuvent pas acheter là-bas, ils vont devoir acheter en Europe, donc en France. [...]

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La Mission Aigle se déploie en Roumanie

Lorsque nous avions mis l’accent sur les manœuvres franco-roumaines en mer Noire, nous ne pouvions pas savoir qu’elles étaient prémonitoires. L’armée française qui défila victorieuse aux côtés des armées roumaines à Bucarest en 1918 est à nouveau présente sur le sol roumain pour sécuriser la frontière orientale de l’Union européenne. Pas moins de quatre unités ont été sollicitées, en plus de la couverture aérienne assurée par les avions Rafales du Charles de Gaulle stationne en Méditerranée orientale. Elle seront complétées par un détachement belge pour constituer la Mission Aigle qui est probablement présente sur le sol roumain pour de longs mois.

La moitié du détachement de 500 hommes est fournie par le 27e Bataillon de Chasseurs alpins particulièrement adapté au combat hivernal. Il forma en 1944 l’ossature du bataillon des Glières autour du lieutenant Tom Morel. Vient ensuite avec un escadron de près de 150 hommes du 4e régiment de Chasseurs de Gap, dont le parrain n’est autre que le prince Jean d’Orléans, chef de la Maison royale de France. Vitrine de nos troupes alpines, le 4e RC est équipé d’engins blindés. On compte aussi 25 hommes du 93e Régiment d’Artillerie de montagne de Varces. La Mission aigle s’appuie ainsi sur trois des composantes de notre 27e Brigade d’Infanterie de montagne commandée par le général Paul Sanzey. Autre unité française envoyées en Roumanie, le détachement de « Bisons » du 126e Régiment d’infanterie font partie d’un régiment spécialisé dans les déploiements d’urgence avec une spécificité amphibie. Ce régiment est habituellement stationné à Brive-la-Gaillarde. La Belgique, elle, va envoyer 300 hommes en Roumanie, principalement issus du 1/3 bataillon de lanciers (infanterie motorisée) de Marche-en-Famenne. [...]

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Europe de la Défense : l’Allemagne contre la France

Ce jeudi s’ouvre à Versailles un sommet européen dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, qui réunira chefs d’États et de gouvernements. Alors qu’il devait initialement être consacré à « un nouveau modèle de croissance » pour l’Europe, l’agenda a été chamboulé par l’invasion russe de l’Ukraine, de sorte que les questions de défense et d’indépendance énergétique seront au cœur des deux journées de discussions.

Et le contexte guerrier est l’occasion rêvée des fédéralistes pour pousser l’idée d’une Europe de la défense, vieux serpent de mer s’il en est, à commencer par la macronie. Ce mercredi, en recevant le Premier ministre néerlandais, le président Emmanuel Macron se félicitait ainsi de « l’unité historique » des Européens sur l’invasion de l’Ukraine, ajoutant que cette « guerre sur le sol européen […] nous impose de faire encore davantage et d'en tirer les conséquences à court et à moyen terme ». La veille, la ministre des Armées Florence Parly inaugurait avec son homologue allemande Christine Lambrecht l'Escadron de transport franco-allemand basé à Evreux, dont l’objectif est d’assurer des missions d’intervention, de sauvetage, d’évacuation de personnels ou de ravitaillement. La ministre déclarait alors plus directement encore : « Cet escadron est une traduction concrète d’une Europe de la défense axée sur les opérations militaires ». Il ne manquait plus que les trompettes.

Lire aussi : Europe de la défense : la France trop bonne trop conne

Par-delà l’unité, des divergences d’intérêts très nettes

À y regarder de plus près, « l’unité historique » des Européens est plus fragile qu’Emmanuel Macron veut bien le dire. Certes, tous les pays européens condamnent l’invasion de l’Ukraine, ce qui est somme toute fort naturel, et se sont mis d’accord sur un paquet de sanctions : sanctions économiques et financières, interdiction du survol de l'espace aérien, suspension de RT et Sputnik, fourniture d'équipements aux Ukrainiens, etc. [...]

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Loi 86 : un air de 1984
Véritable chaos rampant, la phobophobie semble gagner du terrain, notamment outre-Atlantique, là où s’est ouverte la boîte de Pandore de la décadence. Non content de promouvoir la dégénérescence, la Canada se met maintenant à éteindre les volontés de survie de son peuple. Appuyé par les libéraux, le NPD a présenté le projet de loi le 23 février dernier. La loi a plusieurs axes, n’oublions pas que l’islamophobie et la haine peuvent venir de partout. La première mesure serait la mise en place d’ « espaces de soutien pour les élèves touchés par la racisme et l’islamophobie ». C’est ainsi sur le plan éducatif que les principales mesures seraient mises en place : les professeurs seraient islamisés (traduction approximative du mot islam qui signifie « soumission ») à des formations organisées par les organismes le lutte contre l’islamophobie et la haine raciale. Il sera également plus facile de porter plainte contre une personne ayant réalisé un acte « islamophobe ». [...]
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Éditorial monde de mars : Géopolitique en solde
Les Jeux olympiques d’hiver ne portent pas chance à l’Ukraine. Elle n’y remporte déjà pas beaucoup de médailles et en plus son puissant voisin russe commence à prendre la mauvaise l’habitude de lui subtiliser un bout de territoire à chaque édition. En février 2014, à l’occasion des JO de Sotchi, les forces spéciales russes avaient ajouté une nouvelle épreuve à la compétition: traversée en zodiaque de la Mer noire, course au drapeau et annexion de la Crimée. « Krim Nach » – « la Crimée est à nous » – proclamaient alors les Russes pour enterrer les accords de 1997 et célébrer le retour au bercail de la petite péninsule considérée comme le berceau historique de la Sainte Russie. En février 2022, alors que l’est de l’Ukraine est toujours déchiré par la guerre qui a fait treize mille morts depuis huit ans entre indépendantistes prorusses et forces gouvernementales, Moscou vient de déclencher une invasion de grande envergure de l'Ukraine, à partir du territoire de la Russie, de la Biélorussie et de la Crimée, en dépit de toutes les assurances goguenardes de tous les demi-habiles qui martelaient à l'envi depuis des semaines que tout ceci n'était bien sûr qu'une partie de poker menteur organisée par l'Amérique honnie. Les événements des derniers mois montrent que la Russie est entrée dans une nouvelle phase de reconquête de son ancienne zone d’influence. Au cours des mois de janvier et février 2022, une révolte contre le pouvoir autoritaire de Kassym-Jomart Tokaïev au Kazakhstan, a déclenché l’intervention des forces russes sous l’égide de l’Organisation du traité de sécurité collective qui regroupe l’Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan et le Tadjikistan. Une première dans la région qui pourrait faire penser à un Printemps de Prague centrasiatique. Vladimir Poutine réactualise en quelque sorte la doctrine Brejnev, tout en pratiquant avec succès le « hit and run »: frapper vite et fort, ramener l’ordre et repartir, les Géorgiens en avaient déjà fait la douloureuse expérience lors de la guerre éclair de 2008. De surcroît, les Russes semblent aussi s’être mis d’accord avec les Chinois pour se partager les zones d’influence. La déclaration conjointe de Xi Xinping et de Vladimir Poutine, début février et l’annonce d’un accord historique sur les livraisons de gaz à la Chine par la Russie marquent le début d’une nouvelle ère géopolitique. Les Chinois observent d’ailleurs sans doute avec intérêt ce qui se passe en Ukraine – et qui pourrait les inspirer pour Taïwan. [...]
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Crise ukrainienne, la droite la plus bête du monde
Poutine est l’exutoire de toutes les frustrations de la droite. C’est l’homme viril dont on dit avec un petit sourire en coin qu’il ne rigole pas et qu’il serait le bienvenu pour balayer la chienlit chez nous. Comme, en prime, il taille des croupières à ces Américains qui nous agacent, il bénéficie traditionnellement d’une certaine indulgence à droite – la vraie cela va sans dire. Ceux qui se voyaient « plutôt morts que rouges » hier jetteraient aujourd’hui des fleurs aux soldats russes. Ces dispositions ont causé une monumentale erreur d’analyse sur la crise ukrainienne. Il est impératif de la corriger si le courant national veut conserver sa crédibilité. Le premier effet de l’agression russe a été un réveil stratégique de l’Europe. Même son ventre mou allemand contracte ses abdominaux et annonce 100 milliards d’euros pour réarmer. Le vieux rêve français de rééquilibrer l’indispensable alliance Atlantique est en voie de se réaliser. Rien n’est encore fait, bien sûr, et les obstacles seront nombreux mais, somme toute, il y a là une opportunité unique de s’affranchir du protectorat américain pour le ramener à une alliance. Nos partenaires européens veulent que ce soit dans le cadre de l’OTAN ? Qu’à cela ne tienne ! Force est de reconnaître que la seule limite posée aux troupes russes était les frontières de l’Alliance, on ne va pas le leur reprocher. Que fait la droite ? Elle déclare que l’agression russe est de la faute de l’OTAN et propose d’en quitter le commandement intégré, comme si une telle décision en pleine crise avec la Russie ne devait pas passer pour un abandon de nos alliés en rase campagne ni nous isoler sans retour. Ce rogaton de gaullisme suranné, extirpé comme un bout de viande coincé entre deux dents, aurait gagné à être jeté discrètement. Le meilleur moyen de montrer que l’on n’a pas de stature régalienne est de traiter une question stratégique de manière idéologique. [...]
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L’Incorrect numéro 75

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