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Catholiques, enfin minoritaires !

On peut se lamenter. On peut évoquer des trémolos dans la voix nos calvaires au bord du chemin, nos chapelles moussues, nos cent vingt-trois mille saints, nos cathédrales de génie, nos cloches bronzées comme Sylvain Tesson de retour de voyage ; on peut répéter Marcel Gauchet et la religion de la sortie de la religion ; on peut contempler l’étendue du désastre avec Guillaume Cuchet ; on peut aussi classer les catholiques, des plus libéraux au plus observants, avec Yann Raison du Cleuziou ; on peut essayer de négocier comme Pierre Manent ; on peut répéter « tout est lié » avec le Pape François – ce qui est bien vrai – et tout en clamant que l’Église n’est pas une ONG dire en même temps qu’elle est un hôpital de campagne ; on peut dire accueil des migrants et écologie ; on peut dire Mère Teresa et Emmaüs. Mais on n’aura rien dit, ni rien fait encore.

On peut, comme Jean-Marie Rouart, dans la lignée de feu Tillinac, évoquer dans un petit livre touchant (Ce pays des hommes sans Dieu, Bouquins, 180 p., 19e) les élans mystiques de son enfance et sa première communion ; on peut redécouvrir de Maistre et Maurras en loucedé, et s’apercevoir que la franc-maçonnerie qu’on avait rejointe n’était pas si gentille que ça et conspirait pour détruire le catholicisme et partant la France. On peut avec Sonia Mabrouk réclamer que les catholiques soient plus affirmatifs dans l’expression de leur foi, ou pester en agitant ses lunettes rouges sur un plateau télé le matin, tel Pascal Praud, contre l’effacement des signes chrétiens. Mais on n’aura rien dit, ni rien fait encore. [...]

Éditorial de Jacques de Guillebon : Faites-les taire !

C’est reparti. La République est ennuyeuse mais la démocratie a de faciles tours dans son sac pour donner au citoyen l’impression qu’il va se passer quelque chose dont il sera l’acteur important : l’élection présidentielle qu’on a rendue plus fréquente comme au crackeux sa dose est toujours une manière d’autre Coupe du monde suscitant pronostics fiévreux, enthousiasmes injustifiés, alliances et trahisons aussitôt oubliées que nouées. Des voix s’élèvent pour prédire pour la douzième fois que ce seront les élections de la dernière chance, qu’après ou tout sera fichu, ou tout sauvé. Au vrai, qui est capable de dire ce qu’aura accompli M. Macron depuis que de son pas hiératique il a franchi la cour du Louvre, un soir de mai 2017 ? Il aura traversé ces quatre années comme cette cour, c’est-à-dire fantomatiquement, ombre magnétique dans la nuit qu’un peu de réalité dissipe. Victime, dont le sort ne nous émeut pas, des Gilets jaunes puis de l’épidémie, c’est à peine si ce président parti de rien pour aller nulle part aura supprimé la taxe d’habitation et fait voter l’accès universel à la PMA. Et sinon? Eh ben, ça va, s’il se passe quelque chose on vous le dira.

C’est donc reparti et Janus rex, empereur de l’en même temps, raconte déjà tout et n’importe quoi à un peuple qui n’ayant pas encore pansé ses plaies virales doit subir le plus gigantesque bombardement de propagande de l’histoire : cancelé, woké, décolonialisé, le dernier Français qui ne s’est pas encore pendu de honte se fait lyncher par une bande d’infâmes racailles importées avant d’aller pointer chez Pôle emploi. Heureusement pour consoler nos âmes, il reste les terrasses, celles-là mêmes qui depuis 2015 nous ont permis de résister vaillamment et avec succès aux douces balles de la religion du faux prophète.

C’est reparti. Pendant que la gauche – qu’est-ce donc? – se dissout dans les égouts de Suburre, le camp national ou patriote croît chaque jour qui passe et c’est heureux. Mais dans quelle espérance? Celle de rétablir des frontières et l’ordre. Premier pas ô combien nécessaire, et qui demeure possible quoique tout semble prouver le contraire. Mais ensuite ? Marine Le Pen, éternelle championne des sondages, voudra bien limiter l’immigration et relancer la natalité ; mais elle a déjà rendu les armes devant l’Europe, et baissé pavillon devant l’islam. La démocratie, c’est 50 % plus un répètent les demi-habiles, et il faut parler à toutes les populations, ce qui inclut donc les nombreux musulmans. [...]

Détruire la notion d’éthique en commission spéciale bourreaux

Les apprentis sorciers ont à nouveau glissé dans le texte l’autorisation de créer des embryons chimériques, unissant des cellules humaines à des embryons animaux. Certains députés seraient-ils des trans-spécistes refoulés ? La recherche sur les cellules souches, qui rappelons-le engendre la destruction d’embryons humains, a également été incorporée au texte.

Sans grande surprise, l’ouverture de la procréation médicalement assistée pour les femmes seules et les couples lesbiens à évidemment été rétablie. Cet article constitue l’un des piliers du projet de loi. Effacés, les hommes sont dépossédés de leur dignité, relégués au rang de quantité négligeable. Ils peuvent désormais disparaître de la filiation et de la vie de l’enfant. Et bien sûr, la filiation fictive avec l’inscription de deux « mères » sur l’état civil de l’enfant. D’ailleurs, la mention « il n’existe pas de droit à l’enfant » a été supprimée. L’enfant devient donc officiellement un droit opposable. Jean-Louis Touraine, dont on cherche toujours la cohérence intellectuelle a tout de même eu le culot de déclarer : « L'intérêt supérieur de l'enfant est notre priorité », et de justifier l’ouverture de la PMA pour toutes par des « études rigoureuses » qui démontreraient semble-t-il que ces enfants seraient parfaitement épanouis car « très désirés ». Preuve qu’aux yeux du rapporteur de la loi, l’enfant est bien un objet réclamable, mais seulement s’il est « très désiré » (un peu comme le serait un labrador en soit). [...] 

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Calais : affrontements entre CRS et 300 migrants

Pas un jour ne se passe sans que l’on apprenne un nouveau viol, une agression, un meurtre. Souvent même, les heurts sont collectifs, et de plus en plus souvent dirigés contre les forces de l’ordre. Dernier exemple en date : Calais, gravement secoué par des affrontements ces derniers jours.

Dans la nuit du 1er au 2 juin, des rixes ont éclaté entre CRS et migrants, alors que ceux-ci cherchaient à pénétrer illégalement dans le port. Au départ, une cinquantaine d’individus s’en sont pris à la police en lançant des projectiles. Ils ont ensuite été rejoints par plusieurs centaines de migrants armés de bâtons, de barres de fer, de haches et de clubs de golf. Ils étaient « très organisés et très agressifs à l'encontre des policiers » précise la préfecture. Les affrontements ont duré de 3h à 8h du matin, avant que la situation ne revienne au calme. Sur près de 300 migrants, un seul a été interpellé : « Un Érythréen de 22 ans a été interpellé et placé en garde à vue ». Du côté des forces de l’ordre, trente et un CRS ont été blessés, dont sept ont dû être hospitalisés. « On est écœuré, indigné. Le problème migratoire évolue avec les beaux jours et on fait face à des migrants violents, qui n’hésitent plus à venir armés pour blesser les collègues gravement » confie Manuel Vanoeteghem, adjoint au délégué régional d’Alliance Police nationale CRS. [...]

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Zemmour parle trop selon Stéphane Séjourné

Mesurer le temps de parole des chroniqueurs et éditorialistes engagés dans les médias, telle est la dernière idée farfelue proposée par le conseiller politique d’Emmanuel Macron, Stéphane Séjourné, dans une interview publiée par L’Opinion, ainsi que chez France Inter. « On assiste à un renversement des débats: le présentateur star invite des politiques pour mettre en valeur ses propres idées ». Éric Zemmour est évidemment dans le viseur, lui dont l’émission Face à l’info sur CNews réalise chaque soir des records d’audience. De quoi mettre en danger les candidats LREM à quelques semaines des élections régionales.

Pour une fois qu’une émission de droite a du succès, voilà qu’on se fait du souci pour le pluralisme et l’équité (alors que le succès de CNews est précisément preuve de pluralisme), tandis que les éditorialistes gauchistes sévissent depuis des années sur Radio France sans que Stéphane Séjourné ne se soit inquiété outre-mesure. Ironiquement, il exprime son mécontentement sur France Inter, où les éditorialistes ne brillent pas non-plus par leur neutralité : dernièrement, ils n’ont par exemple pas traité l’agression de la procession catholique par des antifas. Mais dans son esprit, Zemmour est assurément le seul éditorialiste marqué politiquement. Et comme toujours en macronie, la prise de position reste prudente : « Je pense qu’il y a une réflexion à mener. Il faut ouvrir ce débat ». Peut-être a-t-il entrevu l’absurdité de sa suggestion ?

Lire aussi : Sélectron des citations (retravaillées) d’Éric Zemmour

Il est vrai que la loi sur l’audiovisuel de 1986 exige dans chaque média une certaine pluralité d’opinions en période électorale. Ce n’est pas le cas pour la presse écrite, où chaque journal peut suivre une ligne éditoriale ferme tant que l’ensemble du spectre politique est couvert par l’ensemble de la presse, et que chaque titre peut être vendu dans tous les kiosques sans discrimination. Pour les émissions, le temps de parole par parti politique doit être décompté, et réparti de manière équitable. « Les services de radio et de télévision transmettent les données relatives aux temps d'intervention des personnalités politiques dans les journaux et les bulletins d'information, les magazines et les autres émissions des programmes au Conseil supérieur de l'audiovisuel » rappelle le texte de loi. [...]

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Mathieu Bock-Côté : « Fanatique et résolue, cette minorité idéologique est prête à aller jusqu’au bout » 2/2

Partie 1 : Mathieu Bock-Côté : « Fanatique et résolue, cette minorité idéologique est prête à aller jusqu’au bout » 1/2

Il y a en France un vrai clivage entre la gauche antiraciste des années 1980 et la nouvelle gauche décoloniale, entre Julien Dray et Rokhaya Diallo. Vous expliquez néanmoins que la première a été le moteur de la seconde. Comment ?

La prétention à l’universel en France s’ancrait dans la nation, qui avait un sens solide de son identité et de ses mœurs. Or, quand on sape les conditions de la nation par l’assimilation, ce sont les conditions sociologiques de l’aspiration universaliste qui se désagrègent. Cette gauche antiraciste des années 1980 qui, croyant nous délivrer du racisme, a saboté la nation en « extrême droitisant » le terme, a ainsi sapé les conditions de l’assimilation. Sur ce terrain symboliquement abandonné, les communautarismes surgissent. Aussi, dès la fin des années 1990, quand on parlait de la France black-blanc-beur, étions-nous conscients de flirter déjà avec le racialisme ? Bleu-blanc-rouge sont les couleurs de la nation, black-blanc-beur une revendication explicite de définition de la France selon une logique raciale au nom de l’inclusion. Les antiracistes qui se plaignent de ce que l’antiracisme est devenu devraient comprendre qu’ils ont eux-mêmes créé les conditions de ce qui se passe en ce moment.

Bleu-blanc-rouge sont les couleurs de la nation, black-blanc-beur une revendication explicite de définition de la France selon une logique raciale au nom de l’inclusion

Cependant, et c’est une vraie singularité française, il existe encore en France une gauche républicaine qui demeure attachée à l’idée de nation, et qui critique courageusement le multiculturalisme et le racialisme. Hélas, elle est incapable de s’allier mentalement avec les éléments conservateurs à cause de sa théorie de la tenaille identitaire. Cette théorie relève à mon avis des tourments propres à la psychologie des hommes de gauche, qui veulent demeurer de gauche à tout prix, et qui ne cessent de trouver des raisons pour prendre leurs distances avec ce qu’ils appellent la droite, surtout quand ils se retrouvent en accord avec elle. Caroline Fourest est très sévère envers le racialisme mais prend la peine de dire que les conservateurs restent infréquentables, car s’ils ont critiqué depuis de longues années tous ces mouvements, ils le faisaient pour de mauvaises raisons. Seule la gauche a finalement le droit de critiquer les dérives de la gauche. J’ai une formule pour le dire : il faut avoir été de gauche pour avoir le droit de ne plus l’être. 

Justement, la France a-t-elle une place particulière dans la bataille politique à venir ?

La France est vraiment la nation qui résiste, et parfois même sans le savoir, par ses mœurs, sa culture, sa littérature, sa langue, sa conception de l’espace public. La culture française est étrangère au régime racialiste qui s’installe. Il suffit de lire les journaux américains pour comprendre ce rôle : à l’échelle occidentale, la France est devenue le terrain principal où se mène cette bataille. Elle est diabolisée. [...]

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Le Virus costumicide

« En ces temps de (re)confinement, l’intérêt de communiquer ainsi, mon cher Lucien, c’est de pouvoir discuter avec toi malgré les sept cents kilomètres qui nous séparent, et de constater les embellissements successifs apportés à ton bureau. Tout en admirant non sans une pointe de jalousie les jolis tableaux que tu as dégotés à la salle des ventes d’Avignon ! »

Enfoncé dans son canapé en cuir, son ordinateur sur les genoux, E. s’était servi un petit single malt avant de répondre à l’ « invitation Zoom » de son vieux copain expatrié à la campagne. Zo’, qui lisait L’Incorrect à l’autre bout de la pièce, lui lança un clin d’œil malicieux.

« Et moi – à l’écran, la voix et le visage avaient subitement changé – moi, mon cher E., ça me permet de constater avec plaisir que la mort du costume, ultime victime de la covid-19, n’est pas une légende : puisque même vous, E., vous avez troqué vos fllanelles, vos laines froides, vos fines rayures et vos cravates Hermès contre une veste et un pull! Vous, le parangon du conservatisme politique, sociétal, culturel et vestimentaire !

– Moi aussi, je vous salue, ma chère Chantal !

Zo’ redressa l’oreille (qu’elle avait d’ailleurs ravis- sante). Le seul fait de prononcer ce prénom sonnait en général le début des hostilités.

– Mais que vous a-t-il donc fait, ce pauvre costume, pour que vous vous réjouissiez ainsi de son prétendu décès ?

Lire aussi : Société post-Covid : imaginer la prison de demain

– Il y a que je l’ai toujours trouvé triste, convenu, revêche, guindé, sournois, hypocrite, de droite, bref, bourgeois…

– C’est vrai que vous ne l’êtes pas du tout, bourgeoise. Ceci dit, il me semble que vous vous fourrez le doigt dans l’œil… [...]

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Guillaume Peltier : le variant français
Pour Les Républicains, il est comparable au tonton trop à droite qui parle trop fort aux repas de famille. Après son intervention sur RTL dans laquelle il proposait le rétablissement de la Cour de sûreté (et sans possibilité de faire appel) pour lutter contre le terrorisme, Guillaume Peltier fait plus que donner du fil à retordre à son parti. À cela s’ajoute une prise de position courageuse au micro de Jean-Jacques Bourdin, au cours de laquelle il dit avoir les « mêmes convictions » que Robert Ménard et présage de l’effondrement « d’une nouvelle digue ». Mais faut-il faire confiance à ce numéro deux des Républicains qui depuis des années sautent de branches en branches, quitte à se renier lui-même [...]

L’Incorrect numéro 73

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